Carnet de bord #8 : Le plus dur (et le plus beau), c'est l'humain !
Comment Le Drive tout nu est passé de 2 à 50 salariés.
Hello à tous,
Je suis ravie de vous retrouver aujourd’hui ! Bienvenue à tous les nouveaux inscrits !
Dans ce 8ème Carnet de bord, je vous partage l’histoire de la construction de la team déculottée :)
Pour les plus de 400 personnes qui nous ont rejoints cette semaine : Bienvenue ! Je m’appelle Salomé Géraud, et j’ai co-fondé avec Pierre en 2018 Le Drive tout nu, premier réseau de Drives et de supermarchés 0 déchet dans le monde.
Chaque lundi, je vous raconte notre histoire d’entreprise familiale, nos avancées et mes apprentissages à travers les montagnes russes de l’entreprenariat à impact positif ! De 0 à 100 000 commandes, de 1 à 50 salariés, mais aussi de 0 à 3 enfants 🐣, dans ce Carnet de bord je vous partage une rétrospective de ces 6 dernières années et les coulisses de notre aventure !
Si ça vous intéresse d’aller plus loin, vous pouvez :
Me suivre sur LinkedIn.
Découvrir les aventures du Drive tout nu
Let’s go !
Intro
Tout le monde peut avoir des idées d’entreprise. Ces idées ont évidemment plus ou moins de potentiel selon tout un tas de facteurs (innovation, taille de marché, concurrence, timing, etc.). Mais pour moi, ce qui fait vraiment la différence pour un projet, ce n’est pas l’idée. C’est la capacité d’exécution. Et pour cela, il faut une équipe de choc. Une équipe qui soit compétente, alignée, engagée et animée.
Dans ce Carnet de bord, je vous emmène donc avec moi dans les étapes de la construction de l’équipe du Drive tout nu.
1. Au départ, les couteaux-suisses !
Quand nous avons démarré Le Drive tout nu, nous avions chacun deux ans de chômage devant nous. Nous avions deux ans pour le faire tourner suffisamment bien pour en tirer de quoi faire vivre (à l’époque) deux personnes. Pour ça, nous le savions, il allait falloir être efficaces sur l’acquisition clients, mais aussi assez rapidement sur le développement d’autres points de vente.
Nous avions eu l’expérience de notre phase de test au premier semestre 2018 : nous savions que si nous étions 100% tous les deux dans l’opérationnel chaque jour de la semaine, nous n’aurions jamais le temps et la bande passante nécessaire pour réfléchir à l’amélioration continue et à la stratégie de développement.
Nous avons donc fait le pari de recruter un (en l’occurrence une) préparatrice de commande dès l’ouverture, pour travailler à nos côtés sur le terrain et tenir le drive. Cette première salariée, c’était Sarah (qui est toujours avec nous et a très vite monté les échelons). Sarah a exactement le type de personnalité particulièrement adaptée à une phase de lancement d’entreprise. Elle est très engagée. Elle a une force de travail énorme. Rien ne lui fait peur. Avec elle, on a tout fait : passer des commandes fournisseurs, faire des mises en ligne, envoyer des bons d’achat pendant des heures à la main, servir des clients, préparer des commandes, conduire nos premiers camions, entasser des centaines de cagettes pour nos points relais, monter des étagères. On a encaissé l’hypercroissance après la vidéo Brut et pendant le Covid 19. Elle a très vite été rejoint par Quentin, et je crois bien qu’au Drive tout nu, d’un point de vue opérationnels, ils ont touché à tout !
Ce sont eux, bientôt rejoints par d’autres salariés engagés, qui nous donné une énergie folle dans cette phase de lancement où tout était à construire. Nous avions besoin de gens comme eux, très polyvalents, très persévérants, très autonomes et très touche à tout.
Leurs profils couteaux-suisses ont parfaitement répondu au besoin que nous avions en cette phase de lancement !
2. Les débuts de l’équipe support, les experts généralistes
Une fois le premier Drive toulousain ouvert et sur les rails (et l’explosion de CA liée au Covid 19 à peu près sous contrôle), nous avons décidé de répliquer le concept à Toulouse (deux fois) puis à Lille fin 2020 et début 2021. C’est une époque où avec Pierre, nous étions sur tous les fronts. Nos journées se partageaient entre de la préparation de commandes, le lavage de bocaux, de la communication, de la rédaction de business plan ou encore l’achat du papier toilette et de café pour l’équipe ! Pierre montait des façades et faisait des achats entre deux remplacements au service client. J’essayais de gagner tous les concours autour de l’Économie sociale et solidaire possible tout en continuant à travailler notre communication et gérer nos relations avec nos investisseurs. Nous étions sous l’eau !
Il y a vraiment eu un moment où il est devenu très compliqué de tout faire, et surtout de tout bien faire. A cette période, une règle assez naturelle s’est imposée : dès qu’un sujet commençait à nous prendre + de 50% de notre temps, il était temps de passer la main et de recruter des experts pour prendre le relais.
Les premiers postes clefs que nous avons recruté étaient :
- au développement (à l’époque en franchise - je reviendrai sur le rachat de toutes nos franchises dans un prochain Carnet de bord)
- à l’informatique (un ingénieur agricole développant un site de e-commerce, cela ne peut tenir qu’un temps!)
- à la communication (qui est mon sujet de prédilection mais que je n’arrivais clairement plus à gérer seule)
- sur la partie RH et administrative (qui est un sujet que nous détestons tous les deux et qui me prenait beaucoup trop de mon temps)
Ces premiers experts nous ont été d’un soulagement immense et ont beaucoup apporté au projet. A cette époque, nous étions une équipe d’environ 15 personnes, réparties entre le terrain, et ces premiers experts métiers ont commencé à professionnaliser ce qu’avec Pierre, nous faisions avec instinct et huile de coude depuis quelques années.
C’est aussi à cette même époque que nous avons recruté nos Responsable de drives sur le terrain, pour diriger soulager Pierre et Sarah sur la partie opérationnelle et et coordonner les équipes de préparateurs de commandes.
3. 2022-2023 : le grand virage, les experts sectoriels
Cette première équipe a tenu bon puis s’est instauré, à la suite du Covid, un contexte économique que nous n’avions pas anticipé. Le marché de la consommation responsable a commencé à se casser la figure en 2021. A cette époque, c’était l’hécatombe autour de nous : les enseignes vrac et bio mettaient la clef sous la porte les unes après les autres. A cette époque avec Pierre, nous avions une conviction et une seule : si nous voulions tirer notre épingle du jeu et continuer à grandir, il allait falloir travailler nos fondamentaux. Pour nous, cela devait passer par :
- des achats et une marge mieux maitrisés
- un plan de vente attrayant et animé, avec un site de e-commerce plus pro
- une stratégie marketing au cordeau
- une stratégie d’exploitation claire et animée sur le terrain
Si nous souhaitions que Le Drive tout nu passe un cap en termes de professionnalisme, le moment était venu de travailler notre modèle en profondeur, et nous avions besoin d’experts aguerris au secteur du retail pour nous y aider.
C’est à ce moment que sont arrivés notamment :
- Marie, notre responsable Marketing et Communication, qui a un esprit vraiment orienté ventes
- Julie, notre responsable Marchandises, qui a désormais construit un véritable département autour d’elle
- Julien, notre responsable d’Exploitation qui est arrivé avec une culture du résultat et un talent pour manager comme j’en ai rarement croisé
- Sylvain, notre responsable financier qui travaille à la fois la stratégie financière avec nous mais a initié un travail immensément nécessaire en termes de contrôle de gestion (on l’appelle Monsieur marge).
Certains d’entre eux sont arrivés de la grande distribution (Carrefour, Leclerc, Chronodrive). Certaines personnes ont eu du mal à comprendre ces choix de recrutement au démarrage, mais ce sont vite rassurés en voyant à quel point ces experts étaient, non seulement très compétents, mais aussi très engagés ! Et quelle joie de voir de tels profils mettre leurs talents au service de l’impact en quittant de grands groupes pour nous rejoindre !
Si Le Drive tout nu tire autant son épingle du jeu aujourd’hui alors que nous évoluons dans un marché très chahuté, c’est grâce à tout le professionnalisme que chacun d’entre eux a apporté, et grâce aux équipes qu’ils ont recruté dans leurs départements respectifs.
4. Parfois, ça secoue un peu
Cette période a donc été extrêmement bénéfique pour Le Drive tout nu. Quel bonheur de voir chaque mois, grâce à ces experts et les équipes qu’ils ont construites, de plus en plus de clients faire leurs courses dans nos drives. Quel bonheur aussi de fédérer autour de nous des gens bien meilleurs que nous dans leur domaine ! Toutefois, si je suis complètement honnête, ce virage n’a pas été complètement indolore :
En effet, c’est aussi le moment où nous nous sommes séparés de :
- certains salariés qui étaient très à l’aise en phase de lancement mais qui n’ont pas pris la marche au moment du changement d’échelle (on est quand même très heureux que certains, comme Sarah et Quentin par exemple, aient naturellement évolué à la même vitesse que le projet et soient toujours à nos côtés!)
- certains salariés qui étaient à l’aise dans une petite structure mais l'ont beaucoup moins été quand l’équipe a grandi. C’est une période où du management intermédiaire s’est mis en place et nous, en tant que fondateurs, nous n’étions plus sur le terrain tous les jours.
- certains salariés qui ont eu quelques difficultés à assumer la suite logique de l’aventure : si nous souhaitions survivre et continuer à avoir de l’impact, il allait aussi falloir que la culture du résultat soit au cœur de l’entreprise.
Car oui, nous sommes une entreprise de l’économie sociale et solidaire et notre mission de démocratiser la consommation zéro déchet et responsable ne changera jamais et sera notre boussole. Elle est ce pour quoi nous nous levons tous dans l’équipe chaque matin. Mais nous sommes une entreprise, et la rentabilité reste au cœur du sujet elle aussi si nous souhaitons voir notre impact se perpétuer.
L’arrivée de Julien, notre responsable d’exploitation, a été décisive en ce sens. Il a réussi le pari, qui était très fort à mon sens, d’instiller une culture du chiffre et du résultat dans une entreprise de l’économie sociale et solidaire. Chaque semaine, il présente à l’ensemble de l’équipe où nous en sommes de nos objectifs de CA, de marge, de productivité, de commande parfaite, d’acquisition clients etc.
Il existe désormais une véritable culture du résultat au Drive tout nu et elle est complètement assumée de tous, dans les bureaux comme sur le terrain. Et comme tout ceci est au service de l’impact, cela est bien vécu et très motivant pour chacun d’entre nous !
5. Nos 3 règles d’or en recrutement
Je finirais ce Carnet de bord sur 3 règles d’or que nous appliquons sur le recrutement. Il y en bien d’autres évidemment, mais voici les 3 principales :
- quand il y a un doute, il n’y a pas de doute : à chaque fois que nous avons eu un doute en entretien, ça n’a jamais loupé, il y a TOUJOURS eu un problème ensuite
- 'Better a hole, than an asshole! Je vous laisse traduire. Mais on ne speede jamais un recrutement. Il vaut mieux attendre un peu et trouver vraiment la bonne personne pour votre équipe, sans compromis.
- tout le monde doit adhérer à qui nous sommes et notre façon de travailler avec Pierre. Pierre est quelqu’un de très optimiste et qui voit toujours grand. Avoir des personnes dans l’équipe qui passerait leur temps à dire “mais c’est impossible” serait une incompatibilité totale. Un tout petit caillou dans un wagon, et c’est tout le train qui déraille !
Conclusion :
Avoir réuni tous ces talents et ces personnes engagées autour de nous, c’est probablement ma plus grande fierté au Drive tout nu. Construire cette équipe, c’est (avec le bonheur de recevoir nos clients), la plus belle chose que nous ayons réussi à faire. ❤️ C’est aussi la chose la plus dure ! Je crois que le principal enseignement est que cette équipe sera toujours en mouvement. Il y a des arrivés, des départs. Parfois pour des raisons personnelles, parfois pour des raisons d’inadéquation à la culture d’entreprise ou parfois car les personnes ne sont plus les bonnes pour accomplir les objectifs du moment. Certains resteront 30 ans avec nous, certains n’ont fait qu’un passage ! Au départ, les départs étaient pour nous des drames ! Aujourd’hui avec le recul et bien que certaines personnes nous manquent, nous considérons toujours les départs et les crises comme de nouvelles opportunités de nous ré-inventer :)
La question de la semaine
Chaque semaine, vous avez la possibilité de me poser une question sur l’aventure, à laquelle je réponds dans le Carnet de bord suivant! Aujourd’hui, je réponds à Emma : “Vous êtes à la tête de mille projets en même temps. De plus, vous entreprenez en couple. Est-ce que vous arrivez vraiment à couper ?”
Et bien la réponse est non ! Nous ne coupons jamais complètement. Quand vous possédez une entreprise, il n’existe pas vraiment de bouton off sur lequel appuyer à la fin de la journée. Il n’y a pas de délimitation. Je trouve qu’il existe une grosse pression autour de la question de l’équilibre vie familiale et vie professionnelle. Et c’est aussi pour cela qu’au démarrage de l’entreprise, nous avions mis en place des limites très strictes : ne pas faire ceci après telle heure, ne pas toucher à l’ordinateur un samedi. Ne pas se parler du Drive tout nu au petit déjeuner. Mais pour nous, c’est complètement impossible :
- d’une part car nous ne savons jamais quand un problème qui nécessite notre attention va nous tomber dessus. Cela peut-être pendant un congé maternité comme un vendredi soir après 20h. C’est ainsi, et parfois dur, mais nous devons l’accepter.
- d’autre part, car cela ne correspondrait pas à qui nous sommes. Pour ma part, cela m’a pris très longtemps à accepter. Mais je suis quelqu’un de profondément passionnée. Quand je m’engage sur un sujet, je donne beaucoup de ma personne. Je suis une personne qui est assez introvertie. Et j’aime particulièrement travailler (même si c’est dur!). Je trouve ça très stimulant, très accomplissant ! Je suis plus excitée à propos de construire notre vie autour de notre mission, de notre travail, que je ne le suis par quoi que ce soit d’autre. Cela peut sembler hyper ennuyeux pour tout plein de gens, mais c’est authentiquement qui je suis.
Mais attention, cela ne veut pas dire :
- qu’il n’y a pas des moments, des semaines entières parfois, où comme tout le monde, je n’ai aucune envie de travailler
- qu’il ne faut pas mettre en place quelques moments de respiration afin de tenir la longueur, car nous avons bien conscience que la construction d’une entreprise est un marathon, pas un sprint !
On en discute !
Et vous, racontez moi en commentaire :
Quelles sont vos règles d’or en matière de recrutement ? Est-ce que vous vous reconnaissez dans ces étapes de la vie d’une entreprise ? Quel type de profil êtes-vous ?
Et si cette newsletter vous a plu, je vous invite à la liker ci-dessous et à la partager à vos proches ! C’est ce qui m’aide à la faire grandir !
Hâte d’avoir vos retours :)
Salomé
Bonjour,
Il est difficile pour moi d'avoir un avis car nous n'avons jamais eu le cas au Drive tout nu.
Je pense que c'est un sujet à traiter avec beaucoup de précaution car, dans une entreprise comme la notre, l'équipe évolue rapidement, la culture aussi même si les valeurs restent inchangées :)
Merci pour cet article du lundi matin. Que penses tu des salariés boomerang ? Avez-vous réintégré d'anciens salariés?